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La Rochefoucault-Liancourt (1747-1827)


Homme de progrès, visionnaire, promoteur des professions mécaniques, travail, étude, épargne, émancipation intellectuelle par l´école.

Ses origines :

La famille remonte jusqu´au XIe siècle d´une ancienne noblesse angoumoise. François Alexandre Frédérique est né à la Roche-Guyon le mercredi 11 janvier 1747 "du légitime mariage du très haut et très puissant seigneur, M Louis Armand François de La Rochefoucault, duc d´Estissac, brigadier des armées du Roi et gouverneur de Bapaume, et de la très haute et très illustre dame, Mme Marie de La Rochefoucault duchesse d´Estissac, les père et mère", il est d´abord duc de Liancourt, puis duc de La Rochefoucault. Sa tante la duchesse d´Enville tient une grande place dans la société du XVIIIe siècle et le duc fréquente assidûment l´hôtel des La Rochefoucault qui est le rendez-vous des encyclopédistes, des hommes de lettres, des hommes de sciences. Il y fait la connaissance de Diderot, d´Alembert, Condorcet, Quesnay, Turgot, Arthur Young.

L´attraction d´un nouveau monde :

"Les savants ne suffisaient plus, on devait chercher et former, pour les carrières industrielles, des hommes joignant l´habileté de la main à l´intelligence de la science", dès 1768 (le duc est âgé de 21 ans) il se rend dans le Suffolk chez A. Young et analyse de très près le succès anglais.

L´action dans le domaine agricole :

Le duc dans son domaine de Liancourt met en pratique les théories d´A. Young, Quesnay... 1780 la culture de la pomme de terre, 1788 la suppression de la jachère, les terres sont affermées.

La société nouvelle :

"Les professions mécaniques ont droit à une place d´honneur" et dès 1775 il met en application, il crée près de Rantigny une tuilerie et une briqueterie, dans le parc de son château il élève une fabrique de cardes, une filature de coton, il installe à Liancourt une filature de laine (des serges connues sous le nom de Blicourt), il installe dans les villages voisins des métiers pour le lin, le coton, le chanvre. En 1791 c´est plus de 1000 personnes qui sont employées dans le district de Liancourt. Il réalisera deux de ses grandes idées en jetant les bases de l´enseignement technique et en assurant la vieillesse et la maladie par la création de la caisse d´épargne de Liancourt. Il ouvre en 1788 une école dans sa ferme de la Montagne, destinée à former des ouvriers et contremaîtres pour l´industrie.

La Révolution, l´exil :

Homme d´action durant les premières heures de la Révolution, il reste un fidèle du Roi. "Je suis attaché par le devoir à la personne du Roi, je le suis par le sentiment à ses qualités et à ses vertus", c´est lui qui présidera les débats de la nuit du 4 août. Ses préoccupations étaient toujours l´amélioration du commerce, de l´industrie et de l´agriculture. Après la journée du 10 août, il est sous le coup d´un mandat d´arrêt, il passe en Angleterre avec la barque d´un pêcheur. De son exil il écrira à M de Malesherbes des conseils pour défendre le Roi. Puis il part pour le Nouveau Monde. Ce sera la rupture avec le "Roi de Coblenz". Il fera imprimer "Voyages dans les Etats Unis" (c´est un tableau fidèle des Etats Unis à la fin du XVIIIe siècle). En 1799 il rentre en France.

Le Retour :

Il est un des premiers exilés à revenir, il rapporte des Etats Unis le vaccin de l´Anglais Jenner contre la Variole. Mais M de Liancourt ne sait pas courtiser et il ne retrouvera pas son titre de duc, il se servit de l´aptitude de l´Empereur à reconnaître ce qui est utile. Le 8 janvier 1810 il est nommé membre de la légion d´honneur comme manufacturier. Il est nommé inspecteur général des Ecoles d´Arts et Métiers au moment où elle est transférée à Compiègne (1800).

"Farmer" et manufacturier :

Il organise le peu de terres (son parc) qu´il retrouve pour les utiliser, il retrouve ses manufactures que M Leclerc son associé avait conservées pendant son absence. En 1805 dans les locaux de la ferme de la Montagne libérée par le départ de l´Ecole il fonde une faïencerie, il développera les métiers à domicile en association avec les plus grandes maisons de bonneterie de Paris.

L´inspecteur général des Ecoles :

La détaylorisation avant l´heure : "Le but de l´Ecole est de substituer des ouvriers instruits, habiles, capables de raisonner leurs ouvrages, aux ouvriers grossiers, travaillant machinalement, de leur donner une bonne méthode de travail manuel, de leur apprendre par la théorie les ressources que la science donne aux arts. C´est pourquoi ils apprennent non seulement les mathématiques, les sciences physiques et chimiques, mais encore la grammaire et le dessin. Il est important que ces études concordent avec l´objet de l´instruction des ateliers, qu´elles aillent aussi loin, mais pas plus qu´il n´est nécessaire". Et la guerre économique vue au XVIIIe siècle : "La carrière de l´industrie est le champ où vont combattre les nations, trop longtemps déchirées par de sanglants combats, les triomphes dans cette lutte nouvelle assurent bien plus solidement l´indépendance des nations, leur bonheur, leur supériorité...".

La disgrâce de la Restauration :

Sous Louis XVIII il reprend son rang de duc et de Pair de France mais ne fut pas invité à l´ouverture des Chambres. Il remplit cependant avec conscience ses fonctions de Pair. C´est un miracle que les Ecoles d´Arts et Métiers survivent à la Restauration, par contre son fondateur fait l´objet d´attaques, on supprime l´inspection générale et les autres fonctions qu´il avait dans les prisons, les manufactures, l´agriculture.

La fin :

Sans manquer les questions essentielles, le duc allait rarement à la chambre des Pairs. Après une courte maladie le duc mourut le 27 mars 1827 en son hôtel de la rue Royale à 4 heures un quart. Les Anciens Elèves de l´Ecole d´Arts et Métiers de Chalons souhaitèrent rendre un dernier hommage au duc non prévu par la famille. Nombreux furent ceux qui vinrent rendre justice à sa bonté, à sa curiosité, à son désir de faire servir la science au progrès social. Cet hommage fut rendu lors des obsèques, une bagarre éclata entre la police et les jeunes qui portaient le corps à bras, le cercueil fut échappé et se brisa.




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